
KP'ERIOUM, Poème optophonétique (1918). Raoul HAUSMANN.
Parcours
Guillaume Lavergne commença le violon à cinq ans.
Ceux qui demandaient deux ans plus tard, si les progrès sur l'instrument étaient perceptibles, s'entendaient répondre : « oui, j'ai bientôt fini » !
A la même époque et grâce à l'écoute en boucle des Concertos pour cor de Mozart, il tomba amoureux de cet instrument en forme d'escargot, à la vélocité exactement contraire à celle du violon de Paganini.
Peu pratiqué, le cor a pour avantage d'être enseigné dans des classes moins fréquentées.
Daniel Foubert, professeur au conservatoire de Lyon, mènera Guillaume à l'obtention du bien nommé Certificat de Fin d'Etudes Musicales.
Mais la fin n'est pas une fin en soi, surtout si jeune. L'étendue des choses à apprendre restait encore très vaste: philosophie et musicologie à l'Université, puis formation à l'accordage et à la réparation de pianos au Mans.
Après avoir bien fouillé dans les entrailles du piano, le désir d'en approfondir l'étude et la pratique musicale se fit plus fort. Il suivit les cours de Serge Viallat au conservatoire de St Etienne puis de Rémi Goutin à Chambéry, dans les départements de jazz et musique improvisée.
Mais bientôt, un revirement s'opéra dans la vie musicale de Guillaume, jusque-là peu critique de l'enseignement qu'il avait reçu.
Rejetant en bloc la « musique classique », la partition et les instruments de l'orchestre, il pensait alors trouver dans des musiques amplifiées un élan critique et une libération des formes.
Mû par ces idées, il participa avec bonheur comme claviériste à plusieurs groupes de Rock, de Reggae, de musique moderne burkinabè, d'Afrobeat, Funk, P-Funk et Pop Interterrestre. Ces groupes jouèrent régionalement, nationalement et internationalement et Guillaume y trouva à compléter son bagage musical.
Cependant, on sait maintenant qu'il n'y a pas de raison de penser que les « musiques actuelles» sont plus séditieuses que les autres: les obsessions conservatrices que sont la compétition et l'ordre s'y trouvent aussi entretenues que partout ailleurs.
Constatation faite, il fallait trouver un moyen de maintenir vivace une telle affirmation. C'est en s'associant à d'autres champs artistiques que Guillaume comprit que l'improvisation musicale, cœur de sa pratique, est essentielle à une lecture critique des choses. Elle devint la cheville ouvrière de toutes les rencontres futures.
Avec le texte: en initiant un cycle de lectures musicales qui le verront travailler, en rapport avec les auteurs, sur des œuvres de Jean-Claude Mourlevat, Franck Pavloff et Sylvie Deshors.
Avec la photographie: en organisant l'exposition Nos Années Free (Des musiciens de Free Jazz à Paris entre 1971 et 1974), ce qui l'amènera à côtoyer Bobby Few.
Avec le théâtre: en collaborant avec les compagnies de Marianne Téton, Laurent Dhume et
Marie Dalle.
Avec l'architecture: en créant des pièces de musique improvisée et contemporaine pour le couvent de La Tourette – Le Corbusier (Anamnésis, Le Boustrophédon de Nuit).
Avec le dessin: en participant au Troglographe, groupe d'expérimentations sonores et graphiques.
Tout en poursuivant des collaborations musicales pérennes basées sur des amitiés longues avec Tristan Ikor, Julien Lachal et Emmanuelle Legros.